A L’ORIGINE, FUT UN JARDIN...
Depuis leur rencontre avec Pierre Rabhi en 2001, les militants appelés à devenir membres fondateurs de l’association Terre et Humanisme Maroc, n’ont eu de cesse d’agir pour la diffusion de l’agroécologie au Maroc, comme pratique agricole alternative, mais aussi comme philosophie et véritable projet de société.
Leurs premières actions furent l’organisation conférences, ateliers, communication dans les médias,...et aboutirent très vite au constat suivant :
Il faut montrer pour convaincre.
Ainsi, Fattouma Benabdenbi, Coprésidente et cofondatrice de T&H Maroc, acquière en 2003 le terrain aujourd’hui connu comme le Jardin Pédagogique de Dar Bouazza, et le met gracieusement à la disposition de l’association pour en faire un lieu d’expérimentation et de démonstration concrète de l’agroécologie.
Le jardin devient très vite en espace d’échanges et de rencontres conviviales, accueillant de nombreux évènements autour de l’agroécologie. Toutefois, le rayonnement auprès des paysans voisins reste limité, ces derniers ne voyant pas comment valoriser à son juste prix la production qu’ils pourraient tirer d’une activité maraîchère en bio fort contraignante.
VINT LE SOUCIS DE COMMERCIALISATION :
Dès 2005, Bouchaïb Harris, piqué par le « virus » de l’agroécologie, devient responsable du jardin pédagogique de Dar Bouazza.
Les premières récoltes sont vendues sur place aux visiteurs des fins de semaine, par paniers à prix fixe, en fonction des légumes disponibles. Le peu d’argent ainsi collecté est réutilisé pour les petites dépenses liées à l’entretien du jardin : achat de paille, de tuyau, de fumier, de semences....Ce système très peu contraignant tant pour les producteurs que pour les consommateurs convient un temps, mais il montre vite ses limites : une clientèle très irrégulière sur laquelle on ne peut compter pour assurer l’autonomie financière du jardin, beaucoup de perte,...
L’association Terre et Humanisme-Pratiques Ecologiques et Solidarité Internationale (partenaire français de Terre et Humanisme Maroc) assume alors la plus part des charges, notamment l’indemnité des cultivateurs.
Bien qu’encourageante, l’expérience n’est donc pas pédagogique du point de vu de la commercialisation.
L’IDEE D’AMAP FIT SON CHEMIN...
Présenté au printemps 2007, lors d’une journée porte ouverte qui réunie plusieurs clients et visiteurs occasionnels du jardin, le concept de l’Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne (AMAP) permet d’assurer une valorisation régulière et équitable de la production.
Longtemps discutée et comparée à d’autre systèmes, l’idée est finalement mise en place pour la première fois en juillet 2008. 10 familles pilotes s’engagent à tester le système sur 10 semaines. A l’issue d’une évaluation par le groupe, au mois de septembre 2008, le système est pérennisé et ouvert à d’autres familles.
Les légumes des paniers proviennent alors exclusivement du jardin pédagogique et les premières difficultés ne tardent pas à arriver.
LEPPACDB S’ORGANISA PEU A PEU ET LA DEMANDE GRANDIT :
Inexpérimentés, les cultivateurs ont eu beaucoup de mal à assurer la continuité de la qualité et de la quantité des légumes fournis dans les paniers. La programmation des légumes dans le temps s’avérait un véritable casse-tête. Certains légumes de base venaient à manquer, les clients les plus exigeants se lassaient et quittaient le groupe....
L’organisation de la livraison a été elle aussi longue à mettre place : trouver le lieu, mobiliser des familles qui se considèrent réellement comme des partenaires de la démarche et non comme des clients-rois, faire cheminer l’idée d’une consommation écocitoyenneté, responsabiliser chacun pour les paniers, les chèques, les permanences,...
L’appui continu de l’association T&H Maroc, et plusieurs rencontres entre producteurs et consommateurs ont permis de constater et de dépasser peu à peu ces obstacles. Adaptation locale de l’AMAP française, le système pilote ainsi crée est devenu le Partenariat Producteurs Agroécologistes-Consomma’cteurs de Dar Bouazza (PPACDB).
Par simple bouche à oreille la demande, a rapidement grandi et une liste d’attente a du être mise en place très vite. Cette donnée s’est avérée déterminante pour la mobilisation de nouveaux producteurs :
Nous ne leur proposions plus « seulement » des nouvelles techniques agricoles écologiques
–bonnes pour leur santé et leur environnement -, mais un réseau de clientèle fidélisée.
DES NOUVEAUX PRODUCTEURS S’Y ASSOCIERENT !!
En octobre 2008, des journées de sensibilisation sont organisées pour mobiliser des producteurs voisins du jardin pédagogique. De novembre 2008 à janvier 2009, un cycle de formation sur les pratiques agroéoclogique leur est proposé. Sur les 12 paysans voisins formés, quelques uns se sont montrent intéressés pour tenter l’aventure d’un PPAC à plusieurs.
Boucahïb, Miloudi, puis Youssef et Ahmed, commencèrent à fournir les légumes de leur propre production agroécologique, en complément des légumes produits par Nourrdiene et Abdellah, alors cultivateurs du jardin pédagogique. Le groupe des clients grandit.
Aujourd’hui, il y a aussi des producteurs sur « liste d’attente »,
qui espèrent pouvoir se joindre au groupe ou mettre en place un nouveau groupe dans une démarche similaire.
ET L’AUTONOMIE DEVINT ENVISAGEABLE...
2009 a été une année de renforcement des capacités des producteurs, tant sur la plan technique -produire en quantité et en qualité toute l’année, la plus grande diversité de légumes possible n’étant pas chose aisée -, que sur le plan organisationnel – s’entendre entre voisins, partager les tâches, les responsabilités, planifier, s’écouter.... étant encore plus compliqué -.
L’association T&H Maroc a poursuivi cet objectif avec constance, accompagnant les producteurs à travers chaque échec et chaque nouveau succès durement gagné.
En tant qu’organisme d’appui et de contrôle de l’initiative naissante, l’association a collecté et redistribué aux producteurs l’argent des ventes de paniers. Le système n’ayant pas encore atteint un seuil de rentabilité suffisant, T&H Maroc a pris en charge l’indemnisation des deux cultivateurs du jardin pédagogique et « bouchait les trous » de trésorerie du PPAC.
Progressivement, les deux cultivateurs du jardin pédagogique dépendant de l’association ont acquis leur autonomie : Noureddine a aménagé son propre jardin sur des terres prêtées par sa famille, et Abdellah est devenu l’associé-cultivateur du jardin pédagogique. Tous deux seront désormais rémunérés par le fruit de leur travail - en fonction des légumes fournis au PPAC-, tout comme les autres producteurs.
Aujourd’hui, T&H Maroc a atteint une partie de ces objectifs de départ : la maturité du groupe de producteurs, l’engagement solidaire du groupe de familles-partenaires en appui aux producteurs et l’augmentation du prix de vente des paniers à un niveau équitable pour les producteurs.
Sa mission n’étant nullement commerciale, elle se retire de la gestion de la trésorerie du PPAC, qui revient entièrement aux producteurs autonomes. Elle reste cependant présente en appui à travers les visites de suivi-techniques hebdomadaires, la formation continue et le contrôle qualité. Son équipe espère aussi participer activement à la mobilisation et à la structuration du groupe de famille-partenaires sans lesquelles le PPAC de Dar Bouazza ne pourra perdurer comme une alternative socioéconomique viable, et comme une aventure humaine vivante !!
Merci pour votre engagement !!
JESDB - Document Fondateur du Partenariat Producteurs Agroécologiques-Consom'acteurs (PPAC)
JESDB - Charte des producteurs agroécologistes de Dar Bouazza
JESDB - Intérêt des produits agroécologiques dans une zone périurbaine
Pour préparer l'année 2012, préférez les produits du terroir !